Ferdinand Gaillard

Le pépiniériste Ferdinand Gaillard a découvert et multiplié cette variété ancienne dès 1894 à Brignais, lui donnant ainsi son nom. Malheureusement, cette poire exceptionnelle se trouve aujourd’hui en voie de disparition. Autrefois, les mineurs de la Vallée du Gier l’appréciaient particulièrement au fond des puits, car sa chair extrêmement juteuse étanchait parfaitement leur soif.

Dans le Jarez, les cultivateurs la produisaient spécialement comme casse-croûte pour les mineurs, ce qui lui valut le surnom évocateur de « poire des gourmets« . D’ailleurs, les connaisseurs la désignent aussi simplement sous le nom de « poire des mineurs« , un hommage à ses principaux consommateurs d’autrefois.

Aujourd’hui, alors que cette variété unique risque de disparaître, il serait important de préserver ce patrimoine gustatif et historique. En effet, la poire Ferdinand Gaillard représente bien plus qu’un simple fruit : elle incarne un pan entier de l’histoire sociale et agricole de la région. Grâce à sa saveur exceptionnelle et son passé ouvrier, elle mériterait amplement une renaissance dans nos vergers contemporains.

QUALITE GUSTATIVE

  • Fruit : Poire ronde, piriforme, calibre moyen à gros, un peu bosselée
  • Peau : vert foncé passant au jaune brillant à maturité, ponctué de taches rousses
  • Chair :

    tendre, juteuse, fondante, très sucrée et légèrement parfumée

  • Qualité: très bonne qualité gustative

FLORAISON ET CUEILLETTE

  • Floraison : de fin mars à mi-avril, de petites fleurs blanches
  • Cueillette : grande productivité, et étalement important, récolte de mi-septembre à mi-octobre
  • Durée de conservation :

    plutôt longue, jusqu’à fin février

RESISTANCE ET SENSIBILITE

  • Variété de vigueur plutôt forte, production irrégulière (raison de son abandon par les professionnels), peu sensible aux maladies.

PORTE GREFFE

  • BA29 ou cognassier de Provence (vigueur moyenne)
  • Mise à fruits à partir des 3-5 ans de l’arbre
  • Hauteur maximale (environ 3 m 50)

Usages : Se consomme crue car c’est une très bonne poire de table. Elle peut de même être cuite

Disparition des anciennes variétés

verger fruitiers

Au début du XXe siècle, les habitants cultivent de petites exploitations où ils élèvent vaches, cochons, volailles et lapins, tout en pratiquant la polyculture. En effet, les arbres fruitiers jouent alors un rôle vital : ils assurent la survie des régions et maintiennent l’équilibre alimentaire et économique des familles. Pour s’adapter au terroir et aux usages locaux, ils sélectionnent des espèces spécifiques : pommes à couteau, à cidre ou à cuire, poires à couteau ou à distiller. Lorsque les arbres vieillissent, ils leur offrent une seconde vie en les transformant en bois d’œuvre ou de chauffage.

Une partie des fruits alimente un commerce actif dans les villes voisines comme Lyon, Chambéry ou Grenoble. Grâce à des trajets courts, une grande diversité de fruits, notamment des pommes et des poires, parvient sur les marchés urbains.

À partir de 1935-1940, l’amélioration des transports ferroviaires permet d’exporter des pommes vers l’Afrique du Nord. Pour répondre à cette demande, les cultivateurs sélectionnent et plantent des variétés résistantes au transport.

Cependant, dans les années 1960, la démocratisation des échanges met fin aux exportations vers l’Afrique du Nord. Dès lors, les producteurs se tournent vers des variétés modernes cultivées intensivement en vergers basse-tige. Faute de débouchés, les pommes locales perdent leur place, et les agriculteurs arrachent les pommiers, encouragés par des primes à l’arrachage. Peu à peu, les arbres fruitiers isolés, abandonnés, se couvrent de gui. Avec l’exode rural, l’arboriculture familiale décline, emportant avec elle les traditions fruitières. Seuls subsistent quelques vergers intensifs plantés de variétés modernes.