Louise Bonne d'Avranches
Le marquis Jean de Vivonne a découvert cette variété ancienne près de Charroux (Vienne) avant de lui donner le prénom de son épouse, Louise de Torchart. Dès lors, cette poire connaît un destin exceptionnel : non seulement Jean-Baptiste de La Quintinie la cultive dans le célèbre Potager du Roi à Versailles durant le Moyen Âge, mais en plus elle ravit particulièrement le palais de Louis XIV.
Aujourd’hui encore, cette variété historique conserve sa renommée sous différentes appellations. Les arboriculteurs la désignent alternativement comme « Louise Bonne Ancienne », « Louise de Torchart » ou encore « Saint Germain Blanc ». Cette diversité de noms témoigne de sa large diffusion et de son importance dans le patrimoine fruitier français.
Grâce à ses qualités gustatives exceptionnelles et son histoire intimement liée à la royauté, la Louise Bonne d’Avranches continue de séduire les amateurs de fruits anciens. En effet, son parcours remarquable, depuis sa découverte par un noble jusqu’à son adoption par la cour royale, en fait un véritable trésor de l’arboriculture traditionnelle.
QUALITE GUSTATIVE
- Fruit : forme arrondie et allongée (environ 7m de diamètre)
- Peau: rouge/jaune dorée, soyeuse quelques rayures rouges
- Chair: pale, juteuse, fine et croquante. Acidulée et bien sucrée.
- Qualité: Son goût se rapproche de celui d’une noix. Parfum agréable et exotique.
FLORAISON ET CUEILLETTE
- Floraison : précoce en mars-avril, mais peu sensible aux gelées printanières, fleurs blanches
- Cueillette : de fin aout à mi-septembre, éviter les zones ventées
- Durée de conservation : 4 mois, peut parfois blettir si elle est trop longtemps conservée
RESISTANCE ET SENSIBILITE
- Variété très fertile, vigoureuse, forte productivité, un peu d’alternance.
- Peu sensible au feu bactérien mais sensible à la tavelure, bonne résistante aux manipulations. Elle se comporte très bien en altitude et est adaptée à toutes les régions.
- Autostérile, doit être implanté avec une autre variété comme Beurré Hardy.
PORTE GREFFE
- BA29 ou cognassier de Provence (vigueur moyenne)
- Mise à fruits à partir des 3-5 ans de l’arbre
- Hauteur maximale (environ 3 m 50)




Usages : principalement sous forme de compote, peut être consommées cru, en pâtisseries, en conserves, ou pour faire de l’alcool.
Disparition des anciennes variétés

Au début du XXe siècle, les habitants cultivent de petites exploitations où ils élèvent vaches, cochons, volailles et lapins, tout en pratiquant la polyculture. En effet, les arbres fruitiers jouent alors un rôle vital : ils assurent la survie des régions et maintiennent l’équilibre alimentaire et économique des familles. Pour s’adapter au terroir et aux usages locaux, ils sélectionnent des espèces spécifiques : pommes à couteau, à cidre ou à cuire, poires à couteau ou à distiller. Lorsque les arbres vieillissent, ils leur offrent une seconde vie en les transformant en bois d’œuvre ou de chauffage.
Une partie des fruits alimente un commerce actif dans les villes voisines comme Lyon, Chambéry ou Grenoble. Grâce à des trajets courts, une grande diversité de fruits, notamment des pommes et des poires, parvient sur les marchés urbains.
À partir de 1935-1940, l’amélioration des transports ferroviaires permet d’exporter des pommes vers l’Afrique du Nord. Pour répondre à cette demande, les cultivateurs sélectionnent et plantent des variétés résistantes au transport.
Cependant, dans les années 1960, la démocratisation des échanges met fin aux exportations vers l’Afrique du Nord. Dès lors, les producteurs se tournent vers des variétés modernes cultivées intensivement en vergers basse-tige. Faute de débouchés, les pommes locales perdent leur place, et les agriculteurs arrachent les pommiers, encouragés par des primes à l’arrachage. Peu à peu, les arbres fruitiers isolés, abandonnés, se couvrent de gui. Avec l’exode rural, l’arboriculture familiale décline, emportant avec elle les traditions fruitières. Seuls subsistent quelques vergers intensifs plantés de variétés modernes.