Reinette Grise du Canada
On considère aujourd’hui la Reinette Grise du Canada comme une variété ancienne particulièrement intéressante. Bien que son origine exacte reste mystérieuse, des cultivateurs français l’ont découverte en 1771. Actuellement, on la trouve principalement dans les Hauts-de-France et en Belgique, où elle s’est parfaitement acclimatée.
La tradition populaire raconte une histoire fascinante : cette pomme serait arrivée du Canada via les colonies anglaises. Quoi qu’il en soit, elle démontre une remarquable capacité d’adaptation, prospérant aussi bien en altitude que dans les zones humides, ce qui explique sa large diffusion.
Aujourd’hui, les producteurs et les amateurs de pommes la connaissent sous plusieurs appellations. Selon les régions, on l’appelle Reinette grise, Golden Russet, Monstrueuse du Canada ou encore Reinette grise du Franfaye. Cette diversité de noms témoigne de son implantation historique dans différents terroirs et de sa popularité à travers les siècles.
Grâce à ses qualités exceptionnelles et son excellente conservation, cette variété continue de séduire les connaisseurs et occupe une place de choix dans le patrimoine fruitier européen. Les arboriculteurs l’apprécient particulièrement pour sa rusticité et son goût unique, ce qui explique pourquoi elle a traversé les époques avec succès.
QUALITE GUSTATIVE
- Fruit : rond et de gros calibre (environ 9 cm de diamètre), un peu écrasé
- Peau: verte/jaunâtre, mate, rugueuse, épaisse, tachée et marbrée d’un brun. Rosé légèrement au soleil
- Chair:
jaunâtre, mi- tendre, un peu croquant, juteuse, sucrée et acidulée, parfum délicat et riche en sucres
FLORAISON ET CUEILLETTE
- Floraison : mi-tardive et progressive, vers mi-avril. Les fleurs sont blanches, rosées sur les bords
- Cueillette : de fin septembre à octobre, c’est une pomme d’été
- Durée de conservation : 5 mois, jusqu’en mars si la cueillette est tardive, elle devient un peu farineuse suite à une longue conservation
RESISTANCE ET SENSIBILITE
- Variété très vigoureuse, très productive, mais sensible à l’alternance (produit « beaucoup » une année sur 2)
- Résistante à la tavelure et peu sensible à l’oïdium.
- Variété mellifère. Les implantions avec la Reine des Reinettes ou la calville rouge du Mont d’Or est primordiale car c’est une variété autostérile (elle est incapable de se pollinisée toute seule)
PORTE GREFFE
- M9 ou pommier paradis (vigueur faible)
- Mise à fruits à partir des 3 -5 ans de l’arbre
- Hauteur maximale (environ 2 m 50)




Usages : c’est une pomme très bonne cuite, en tarte, en compote ou poêlée.
Très appréciée en recettes salées grâce à sa satiété (association fromage, boudin, porc, salades…). Elles n’ont pas de tenue en cuisson et se « défont » rapidement.
Disparition des anciennes variétés

Au début du XXe siècle, les habitants cultivent de petites exploitations où ils élèvent vaches, cochons, volailles et lapins, tout en pratiquant la polyculture. En effet, les arbres fruitiers jouent alors un rôle vital : ils assurent la survie des régions et maintiennent l’équilibre alimentaire et économique des familles. Pour s’adapter au terroir et aux usages locaux, ils sélectionnent des espèces spécifiques : pommes à couteau, à cidre ou à cuire, poires à couteau ou à distiller. Lorsque les arbres vieillissent, ils leur offrent une seconde vie en les transformant en bois d’œuvre ou de chauffage.
Une partie des fruits alimente un commerce actif dans les villes voisines comme Lyon, Chambéry ou Grenoble. Grâce à des trajets courts, une grande diversité de fruits, notamment des pommes et des poires, parvient sur les marchés urbains.
À partir de 1935-1940, l’amélioration des transports ferroviaires permet d’exporter des pommes vers l’Afrique du Nord. Pour répondre à cette demande, les cultivateurs sélectionnent et plantent des variétés résistantes au transport.
Cependant, dans les années 1960, la démocratisation des échanges met fin aux exportations vers l’Afrique du Nord. Dès lors, les producteurs se tournent vers des variétés modernes cultivées intensivement en vergers basse-tige. Faute de débouchés, les pommes locales perdent leur place, et les agriculteurs arrachent les pommiers, encouragés par des primes à l’arrachage. Peu à peu, les arbres fruitiers isolés, abandonnés, se couvrent de gui. Avec l’exode rural, l’arboriculture familiale décline, emportant avec elle les traditions fruitières. Seuls subsistent quelques vergers intensifs plantés de variétés modernes.